Tant que nous sommes en vie, nous fuyons dans un présent qui ne cesse de mourir et de renaître. Tant que nous sommes en vie, nous sommes nomades, de passage de présent en présent, voyageurs temporels et éphémères. La plus grande erreur est de vouloir s’accrocher, faire comme si nous étions arrivés. C’est l’erreur des « derniers hommes » (die letzten Menschen). Être véritablement homme, c’est vouloir continuer, c’est s’arracher volontairement au présent qui fuit, c’est cela être « surhumain » (Übermensch).
Mais quand nous sommes morts, nous logeons à demeure dans ce qui fut nos présents successifs et qui est devenu notre passé. Quand nous sommes morts, nous sommes installés dans notre éternité. Voilà le véridique « retour éternel » (die ewige Wiederkunft).