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26 mars 2014 3 26 /03 /mars /2014 10:14

 

Ainsi que  quiconque je sais je vais mourir

Il est parfois difficile de faire avec

Mais vous les prêcheurs d’évangile

Il faut bien que vous compreniez

Que ce n’est pas ressusciter que je désire

Selon votre très absurde promesse.

 

Ce que je veux c’est ne pas perdre ma vie

Et non pas en trouver une autre

Garder ma vie d’ici-bas

Car c’est cela… moi.

 

Mais je ne veux pas la revivre

Avec ses moments durs à dérouler

Et d’autres qui déroulaient trop vite

Je veux la tenir tout entière déroulée

Dans mon véritable espace enfin occupé

Mon propre espace quadridimensionnel

Car c’est cela… l’éternité.

 

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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 09:15

 

Ma Clothô peu à peu

 Vieillit ses doigts sont gourds

Peinant à assembler

 Les brins flous de mes jours

À les tordre en cordeaux

De rêves ou discours.

 

Et Lachésis s’ennuie

Lachésis est oisive

Toute ma laine traîne

En manque de tricot

Oh Lachésis reprends

Tes jeux d’aiguille vive,

 

Cependant qu’Atropos aiguise ses ciseaux.

 

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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 10:47

 

« Si tu m'objectes maintenant que ce que Dieu voit comme futur, ne peut pas ne point arriver ; et que ce qui ne peut pas ne point arriver, n'est plus libre, mais nécessité, je trouverai ici une vérité très solide, mais qui ne peut être connue que de ceux qui s'élèvent jusqu'à la contemplation de la Divinité : oui, je le dirai, le même avenir peut être regardé comme nécessaire, relativement à la connaissance de Dieu, quoique relativement à sa propre nature et à celle de son principe, il reste toujours véritablement libre. »


Boèce, Consolation de la Philosophie, fin Livre V, trad. Léon Colesse

 

Essayons, avec nos faibles moyens, de comprendre l'incompréhensible…

Imaginons notre univers comme une immense forêt vierge. Dans un tout petit coin de cette forêt, une chose s’est mise à vivre. Cette chose vivante a produit des animaux de plus en plus perfectionnés. Un de ces animaux s’est même un jour instauré explorateur de son univers, de la forêt vierge.

Autour de lui la forêt peu à peu devenait moins vierge. Comme il rencontrait régulièrement les mêmes arbres événements, l’explorateur a pu établir des lois qui lui permettaient de prévoir même ce qu’il n’avait pas encore exploré. Pourtant tout n’était pas prévisible. Il lui arrivait de rencontrer des arbres totalement inédits. Et il avait le sentiment que son exploration faisait de lui plus qu’un explorateur : un inventeur, un créateur. Il avait le sentiment que cela dépendait des directions qu’il choisissait. Il se pensait libre.

Imaginons à présent que la forêt ait une conscience. Ou bien imaginons qu’elle ait un propriétaire qui sache tout d’elle. La forêt ou son propriétaire omniscient savent que l’explorateur n’invente ni ne crée quoi que ce soit. Il ne fait que découvrir ce qui préexiste de toute éternité. Quand l’explorateur aura éprouvé toutes les directions, exploré la forêt dans ses moindres détails, la forêt pour lui ne sera plus vierge, mais ce sera la même forêt, déjà là de toute éternité.

Il semble donc qu’il a tort d’imaginer que son exploration a été au moins en partie une création. La forêt ou son propriétaire omniscient auront beau jeu de lui représenter qu’il n’a fait que découvrir, et surtout que toutes ses découvertes étaient nécessaires. « Mais alors, se dira-t-il avec consternation, je n’étais pas libre ? »

À cela on peut répondre que la forêt qui ne sera plus vierge ne sera plus tout à fait la même. À chacun de ses pas d’explorateur, il a choisi une direction. Ce faisant, il a ajouté quelque chose à la forêt, quelque chose qui lui faisait perdre sa virginité : une histoire. Il a fait entrer son histoire dans l’éternité de la forêt.

 

Cependant l’énoncé de Boèce me reste incompréhensible, du moins dans la traduction de Léon Colesse. Il faudrait admettre que le propriétaire de la forêt, ou la forêt elle-même, ne connaît pas tout de la forêt. En effet les itinéraires de l’explorateur sont quelque chose de la forêt qui ne peut être connu à l’avance. Et même, puisque les arbres de la forêt sont en fait des événements, on peut dire que c’est leur exploration qui les fait pousser, et qui fait grandir la forêt.

Il ne reste finalement qu’une échappatoire pour éviter l’illogisme : corriger la traduction de Léon Colesse. Il faut traduire le latin quod eventurum deus videt non plus «  ce que Dieu voit comme futur », mais « le futur que Dieu voit », ou, si l’on veut, « ce que Dieu voit comme futur pour nous ». Il importe que le point de vue divin, celui de l’éternité, soit assimilable à un point de vue post eventum.

 

 

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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 12:00

Mourir ce n’est pas partir

Mourir c’est s’arrêter rester

Laisser les survivants partir

Poursuivre leurs voyages leurs conquêtes.

 

Et c’est ouvrir toutes les portes

Pour enfin habiter

Là où l’on n’a fait que passer

Sans jamais y entrer.

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5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 08:47

La science moderne a donné naissance à la science-fiction. La science-fiction a, quant à elle, enfanté un des mythes les plus populaires du monde moderne : le voyage temporel. Le plus surprenant est que ce mythe n’est pas resté cantonné à son domaine propre, celui de la littérature de fiction et d’anticipation.

 

Il est devenu au vingtième siècle un sujet de discussion pour des savants et des philosophes, des gens qui en principe ne font pas dans l’imaginaire et la fantaisie. Tous ont l’air de se poser sérieusement la question : « Le voyage dans le temps est-il possible ? » Cette dérive a apparemment été suscitée par les thèses d’Einstein sur la relativité restreinte et la relativité générale. Celles-ci en effet ôtent au temps son caractère absolu, le réduisent à n’être que la quatrième dimension d’un espace-temps. Alors si l’on peut se déplacer selon les trois dimensions de l’espace, pourquoi pas aussi selon celle du temps ?

 

Qu’il s’agisse de fiction, de science ou de philosophie, je trouve qu’on a écrit et qu’on écrit énormément d’âneries sur ce sujet. Alors je ne vois pas pourquoi je ne m’y mettrais pas aussi sans tenir compte de mon absence de compétence scientifique ou philosophique. Ce n’est pas que j’aie l’intention délibérée de soutenir moi aussi des âneries. Au contraire, je cherche avant tout à exprimer des réactions qui me semblent être de bon sens. Mais je suis bien conscient qu’il est insensé de vouloir dire des choses sensées sur un sujet a priori insensé. Je sais que je m’expose moi aussi à de folles dérives.

 

Tout d’abord, je prendrai la question du voyage temporel à contrepied. Car il tombe sous le sens que ce n’est pas une possibilité, mais une réalité, et même une nécessité de tous les instants. À chaque seconde nous voyageons vers la seconde suivante. Nous venons du passé et allons vers l’avenir, que nous avons d’ailleurs l’impression d’inventer à mesure. Et il nous semble impossible de nous arrêter le long de l’axe temporel. Les bonnes questions seraient donc : « Pouvons-nous arrêter notre voyage temporel ? À défaut, pouvons-nous l’accélérer ou le ralentir, c’est-à-dire en fait aller plus vite ou plus lentement que le reste du monde ? Pourrions-nous même, après avoir ralenti jusqu’à nous arrêter, inverser le sens de notre voyage, aller de notre dernier présent vers le passé ?

 

Autant que je sache, la science non spéculative mais expérimentale répond aujourd’hui à une de ces questions, en conformité avec la relativité restreinte : il paraît en effet qu’un voyage très rapide dans l’espace fait ralentir le temps du voyageur par rapport au temps d’un observateur resté à terre. Son horloge se met à retarder. Un voyageur spatial vieillit moins vite que les observateurs restés à terre. Son présent est donc passé par rapport au présent de ces derniers. Mais il serait absurde de dire qu’il fait un voyage vers le passé. Lui aussi, comme les autres, voyage dans son présent vers l’avenir, mais moins vite.

 

Une première objection vient à l’esprit, mais a été, paraît-il, levée par le recours aux effets de la gravité. En effet, si deux objets s’écartent très vite l’un de l’autre, sans des phénomènes liés à la gravité (inertie), on ne saurait pas lequel est effectivement en mouvement. Alors lequel, dans ces conditions, vieillit moins vite ? Ou peut-être qu’ils se déplacent tous deux. Est-ce alors le plus rapide qui vieillit moins vite ? Et s’ils vont à la même vitesse ?

 

Mais il y a d’autres problèmes qui me laissent perplexe. Nulle part dans les textes de vulgarisation scientifique je ne suis arrivé à obtenir la précision suivante : est-ce la vitesse qui fait vieillir moins vite (qui retarde une horloge), ou est-ce le grand éloignement que provoque un déplacement rapide. Surtout, si le voyageur spatial revient vers son point de départ toujours à grande vitesse, est-ce qu’il continue à vieillir moins vite ? On nous raconte qu’un voyageur spatial revient plus jeune que son jumeau. C’est en soi une invraisemblance. Comment peut-il alors serrer la main à son jumeau s’il vit dans un présent qui n’est pas le présent de son jumeau ? Cette poignée de main appartiendrait à deux présents à la fois décalés et simultanés !

 

Mon opinion toute personnelle est donc que pour revenir sur terre et au présent des terriens, il faudra que le voyageur spatial se mette à vieillir plus vite, à mettre les bouchées doubles, pour rattraper le temps des terriens. En ce cas, ce n’est pas la vitesse qui provoque le décalage temporel, mais la distance, que le retour annule. Comme si les zones éloignées de l’univers étaient moins avancées dans le temps que la nôtre. On peut l’interpréter en suggérant, selon la théorie de la relativité générale, que notre univers spatial actuel est courbe dans l’espace-temps. Si deux fourmis sont au sommet d’un ballon rouge qui gonfle, elles montent toutes deux. Si l’une se met à descendre vers le bas du ballon, moins vite que le ballon ne monte en gonflant, elle monte toujours, mais moins vite que sa compagne.

 

Jusque là, et avec cette précision, il me semble que le bon sens ne souffre pas trop. De même, dans un train, le passager qui marche vers l’arrière du train va moins vite que le passager assis (mais s’il marche vers l’avant, il va plus vite). Le train tout entier représente le présent de l’espace-temps, c’est-à-dire sa surface tridimensionnelle. Mais certaines parties sont un présent décalé par rapport à celui d’autre parties. De même encore, le pied d’une montagne est plus bas que le sommet, mais n’est pas pour autant sous la terre. Pas plus que le marcheur qui descend de la montagne ne va sous terre, le voyageur spatial ne quitte le présent de l’espace-temps. Il ne va pas dans le passé de l’univers, bien que son présent soit décalé par rapport à celui de l’observateur immobile.

 

Tout ceci n’a rien à voir avec un voyage temporel imaginaire. Il ne s’agit que de ralentissement de notre voyage temporel réel. Même l’arrêt de ce voyage, pour lequel il faudrait sans doute la vitesse de la lumière, est impossible. La fourmi va son bonhomme de chemin sur la surface du ballon rouge. Cette surface est le présent de l’espace-temps. Elle ne le quitte pas, même lorsqu’elle se trouve dans une zone éloignée dont le présent est en retard par rapport à celui du sommet. Au contraire, le voyage temporel imaginaire a, lui, tout d’un tour de passe-passe. Une fourmi sur la surface d’un ballon qui gonfle en disparaît soudain, et réapparaît aussitôt ailleurs. Mais c’est un ailleurs temporel qui n’est plus à la surface du ballon. Ce n’est plus un présent.

 

Où donc est cet ailleurs ? Soit au-dessus, soit au-dessous de la surface (c’est-à-dire du présent de l’espace-temps). Au-dessus, c’est le futur. Mais rien n’indique que le futur existe, qu’il ait la moindre consistance. Au-dessus semble être un lieu de nulle part, ni temporelle, ni spatiale. Au-dessous, c’est le passé. C’est plus consistant. Mais alors, il ne faut pas que le ballon rouge qui gonfle soit vide. Il faut qu’il soit plein comme un fruit en pleine croissance, plein de tous ses états passés qui auraient cessé d’être un présent, d’être une surface, la peau du fruit. Le passé serait devenu, avec une dimension de plus que la surface, la pulpe du fruit

 

Un voyage imaginaire me paraît moins inconcevable vers le passé que vers le futur, sauf si l’on croit que le futur est dès à présent consistant. Mais en ce cas nous ne serions plus à la surface de l’espace-temps. Nous serions dans son milieu. Il n’y aurait plus de surface, plus de présent, ou seulement un présent qu’on emporte à la semelle de ses chaussures. Nous serions à l’intérieur du fruit. Mais si nous ne sommes plus attachés à une surface, comment se fait-il que le voyage imaginaire vertical, vers le haut (futur), ou vers le bas (passé), soit incomparablement plus difficile que le voyage horizontal (celui que nous faisons dans notre espace tridimensionnel) ?

 

Notre attachement  indéfectible au présent de l’espace-temps me fait penser que ce présent est une surface et que nous-mêmes ne sommes que la surface de nous-mêmes. Le futur n’est que le lieu virtuel vers lequel s’étend l’univers, ou l’espace-temps, et nous avec lui. Autrement dit le voyage vers le futur ne peut être que notre voyage réel de chaque instant. Le seul but qui peut s’offrir à un voyage temporel imaginaire, c’est le passé. Il faut entrer dans le fruit. Et pour les êtres de surface que nous sommes, ce n’est pas simple. Il nous faut trouver un trou.

 

En fait de trou dans la surface de l’espace-temps, l’astronomie moderne aurait un candidat : le trou noir. Selon la relativité générale, c’est un lieu où la densité de masse est si forte que la texture de l’espace tridimensionnel  (la surface) ne se contente pas de s’affaisser, mais s’effondre. Même la lumière est avalée par un trou noir. Mais il nous faut malheureusement renoncer à user d’un trou noir comme d’un puits vers l’intérieur de l’espace-temps. En effet, cette densité de masse extrême nous détruirait avant même que nous ayons pu approcher du trou noir.

 

À défaut de piste scientifique, il me faut recourir à l’imaginaire et aux métaphores qui le nourrissent. Je serai donc désormais déraisonnable. J’ai déjà comparé l’espace-temps à un fruit qui grossit. Imaginons donc une pomme. On peut alors penser à un trou d’asticot, qui donnerait accès à l’intérieur du fruit depuis la surface, sans la catastrophe d’un effondrement gravitationnel. Mais alors il faut expliquer l’asticot, et dire pourquoi nous ne voyons pas ce trou de ver qui perce la surface, c’est-à-dire notre univers tridimensionnel. Double complication.

 

Eh bien, persistons dans la folie, changeons de métaphore. Les Anciens comparaient la vie humaine à un fil de laine torsadé par une Parque, la Fileuse. Le moi d’aujourd’hui est au bout de ce fil, juste entre les doigts de la Parque qui me poussent vers mon futur. Je n’ai donc qu’à échapper à la Fileuse, me glisser entre les brins qu’elle file pour redescendre vers mon passé. Stop ! Demi-tour ! Le fil plongeant de mon passé sera mon fil d’Ariane. Il saura bien me guider parmi ces milliards de fils entremêlés. Plus besoin d’asticot complaisant, car ce sera moi l’asticot.

 

Rêvons donc d’un fil de tricot plutôt que d’un trou d’asticot. Mais je ne vois pas encore comment je pourrais, moi, infime bout de fil en surface d’univers, descendre le long du fil. Par quel impensable reniement pourrais-je quitter ce que je suis maintenant, la laine présentement livrée aux torsions de la Fileuse? Certes, ce reniement ne viserait que ma surface. Car je suis aussi, et surtout, du passé, du passé maintenant solidement établi et inamovible sous la surface où je cherche à plonger. Mais une telle volte-face ne peut être qu’immatérielle, je ne peux entraîner avec moi ma laine d’aujourd’hui. Et je ne peux tomber dans le puits de mon  passé qu’en fantôme glissant le long des fibres de ce passé.

 

Inventons donc comme un phénomène de capillarité inimaginable : un peu de moi-même logé au bout du fil de laine quitte ce bout de fil et descend entre les fibres. Qu’adviendrait-il à cette infime humeur de surface tombée par extrême oubli de soi le long d’un cordeau plus qu’improbable plongeant dans les profondeurs du temps ? Soyons généreux avec elle. Admettons encore qu’elle garde avec elle quelque chose comme une conscience de son présent au cœur du passé. Puisque nous nous sommes mis à voyager dans l’illogisme, admettons même qu’elle garde un vague souvenir de son passé, or c’est justement le long de ce passé qu’elle voyage.

 

Il lui serait fort comique de voir défiler ce passé à rebours. Comme si on visionnait une vidéo à l’envers. Par exemple la course à reculons d’un troupeau de poules quand elles voient s’envoler devant elles les graines qui étaient au sol. Rien de plus désopilant. Le plongeur temporel pourrait aussi s’arrêter de temps en temps sur une image fixe, en choisissant de préférence les bons moments du passé. Il pourrait aussi remonter vers la surface, soit en accéléré (autre effet comique), soit au ralenti (au cinéma, c’est souvent très beau), soit à vitesse normale : relire une nouvelle fois sa vie, mais en connaissant la suite, ce qui fait une sacrée différence... Il aurait donc de quoi s’amuser.

 

En admettant qu’il ait pu emporter avec lui quelque chose comme une conscience, il pourrait donc voir beaucoup de choses. Il pourrait même bifurquer vers d’autres fils que la seconde Parque, la Tricoteuse, a noués au sien. Il pourrait ainsi, de carrefour en carrefour, remonter très loin dans le passé des autres pour vérifier si les ouvrages historiques disent la vérité. Mais en aucun cas il ne pourrait être vu, car il ne peut être qu’un fantôme, une vapeur invisible insonore et inodore. D’ailleurs s’il avait été visible, nous en aurions des témoignages venus du passé. Ainsi Stephen Hawking ne croit pas à l’existence de voyageurs partant de leur présent vers leur passé, car, dit-il, on n’en a jamais vu dans le passé. En effet, les fils du présent ne peuvent venir se mêler aux fils du passé et ne peuvent donc les déranger.

 

Dans son gouffre d’invisibilité (l’Hadès), notre voyageur est comme un projectionniste au fond des salles obscures. Il peut faire défiler les images dans le sens qu’il veut. Il peut les arrêter. Il peut faire vivre ou revivre le passé, avec peut-être pour lui des émotions renouvelées et même inédites. En le revoyant, il peut découvrir tant de richesses insoupçonnées. Il peut ainsi modifier pour lui le sens des faits, mais il ne peut pas changer les faits. Pas question donc de tuer un grand-père, ni même d’écraser un brin d’herbe. Le passé ne craint rien d’un intrus qui viendrait de son futur. Un Nemrod qui serait amateur de chasse au dinosaure doit trouver un autre terrain de chasse.

 

C’est plutôt notre intrus qui est en danger, et même plus qu’en danger. En effet il ne pourra jamais rejoindre la surface du présent d’où il vient. Car pendant son exploration, cette surface a continué à se modifier en s’inventant un futur dont il s’est exclu. Le présent d’où il vient est donc devenu un passé de l’espace-temps. Mais il y a pire. Tout ce qu’il pourrait croire avoir vécu dans son exploration n’est pas advenu, ne s’est pas ajouté au fil de sa vie : il n’est plus acteur, seulement témoin. La Fileuse a cessé de le filer et la troisième Parque, l’Inflexible, a coupé le fil. Une conclusion s’impose : du moment qu’il a quitté la surface du présent pour partir en quête du passé, il a perdu sa place et son ouverture vers le futur : il est mort ! Même si ses chemins d’invisibilité se prolongent dans les zones nouvelles de l’espace-temps, il peut sans doute aller visionner ces zones où il est mort. Mais pas question pour lui de refaire surface : il ne peut redevenir acteur du film de l’univers.

 

Je sais qu’on peut lire ça et là des récits fantastiques de résurrection. Mais j’observe qu’aucun d’eux ne précise l’âge du ressuscité au moment où il ressuscite. Logiquement ce serait l’âge qu’il avait au moment de sa mort. Il y aurait alors un trou dans son existence. Et il lui faudrait arriver à recoller avec son passé par delà ce trou. Ceci n’est pas comparable au cas des gens qui sortent d’un coma : eux n’ont pas voyagé. Ils n’ont jamais quitté le présent auquel ils sont restés attachés, même si ce fut par un fil très faible. C’est ce fil ténu appartenant à la texture du présent qui leur permet de renouer, plus ou moins facilement, avec leur passé.

 

Ami lecteur qui as eu le courage de tricoter avec moi ce petit voyage temporel, admire comme en est simple la maille. Point ici de paradoxe, ni de boucle, ni de rupture causale. Seulement deux points, à l’endroit et à l’envers comme il se doit.

 

1) D’abord, nous avons découvert que le voyage temporel vers le futur, c’est la vie. Cette évidence a été fort bien dite dans une page du net, une page admirable d’humour et de… bon sens : « Voyager dans le futur. C'est très simple. Il suffit d'attendre »

(desencyclopedie.wikia.com/wiki/Voyage_dans_le_temps

 

2) Puis nous avons découvert que le seul voyage temporel dans le passé que nous puissions accomplir revient à mourir. Dans la page évoquée ci-dessus, une « nana aux cheveux bleus » énonce, pour sa part, une formule renversante : « Pour voyager dans le passé, il suffit d’attendre en sens inverse ». Je crois pouvoir en déduire que mourir, ce n’est pas cesser d’attendre, mais attendre… le passé.

 

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30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 09:27

Dans le petit livre Riddles of Existence qu’il a publié avec Earl Connee (Clarendon Press, Oxford, 2005), Theodore Sider  a consacré le chapitre 9 Possibility and Necessity à la distinction de ce qui est naturellement possible de ce qui l’est absolument. Cette distinction semble habituelle dans le monde des philosophes métaphysiciens modernes. On la retrouve par exemple dans le livre de Jiri Benovsky, Le puzzle philosophique (Ithaque 2010), p. 98-99 (avec par surcroît une « possibilité métaphysique »). C’est une distinction que je préfère aborder par le biais de l’impossibilité :

1)   Est absolument impossible ce qui n’est pas compatible avec les lois logiques, essentiellement ce qui est contradictoire. Par exemple, il est absolument ou logiquement impossible qu’un bachelor« célibataire » soit marié, puisqu’il est dans la définition du célibataire de ne pas être marié.

2)   Est naturellement impossible ce qui n’est pas compatible avec les lois physiques. Il est par exemple impossible que l’on voit des flying pigs (Sider, p. 190), des « cochons qui volent », puisqu’ils contrediraient la loi de l’attraction universelle.

Ce qui est important dans cette distinction pour les philosophes est que l’impossibilité absolue ou logique est une impossibilité plus restreinte que l’impossibilité naturelle ou physique (c’est bien sûr  l’inverse pour les possibilités). Par exemple, un cochon qui vole est une impossibilité physique, mais n’est pas une impossibilité logique. C’est en partie sur cette différence que s’est fondée chez nos philosophes la fantastique théorie des mondes possibles, laquelle, plus ou moins inspirée de la physique actuelle, imagine des mondes parallèles qui obéiraient à d’autres lois  physiques que les nôtres.

 

À première vue, le lecteur naïf que je suis n’avait pas grand-chose à redire. Il m’est en effet assez facile d’imaginer un cochon qui vole. Mais je ne vois pas comment me représenter quelqu’un qui soit à la fois non marié et marié. Ce n’est qu’en réfléchissant à ce que pourrait être un cochon qui vole que des doutes se sont introduits dans mon esprit sur le bien-fondé de cette distinction.

 

Il faut d’abord éliminer dans notre représentation du cochon volant le cas du cochon de Carcassonne, celui que Dame Carcas, depuis les remparts, fit choir sur la tête des assaillants. C’était pour décourager l’ennemi en lui faisant croire que l’abondance régnait encore dans Carcassonne malgré le siège. Ce cochon là n’a pas vraiment volé, il est tombé. Donc il a obéi strictement aux lois de l’attraction.

On peut écarter aussi tous les cas d’un cochon qui userait de moyens techniques pour contrebalancer la force de gravitation soit par elle-même soit par une autre force. Par exemple un cochon Icare, un cochon en montgolfière, ou en delta-plane, ou dans un avion. Un tel cochon volant ne transgresserait pas la loi de l’attraction. Au contraire, il la mettrait à son service.

Mais la loi de l’attraction n’est pas non plus transgressée par un cochon qui sortirait en scaphandre d’une fusée interplanétaire et planerait dans l’espace, loin de tout champ gravitationnel. Un tel cochon ne transgresse par la loi, il n’est simplement pas concerné par elle.

 

Mais alors que serait un cochon qui en volant transgresserait la loi de l’attraction ? Ce cochon appartiendrait, selon nos philosophes, à un monde bien différent du nôtre, un monde  où « massive objects repel rather than attract each other » (Sider, p. 192), un monde où les objets massifs ne s’attireraient pas, mais se repousseraient. Un cochon, c’est en effet, par définition (et même par excellence), un objet massif. Mais qu’est-ce qu’un objet massif ? Un objet pourvu d’une masse. Et qu’est-ce qu’une masse, selon la définition qu’en donne la physique moderne ? C’est « une grandeur qui caractérise un corps relativement à l’attraction qu’il subit de la part d’un autre »   (Petit Larousse Illustré, s.v.). Donc les objets massifs s’attirent par définition ! Alors notre vaillant cochon volant d’un monde impossible serait en même temps par définition, en tant qu’objet massif, attiré par la terre, et par hypothèse non attiré ! Nous voici face à une contradiction qui vaut bien celle du célibataire marié.

Un cochon volant ne serait donc pas un cochon. Il ne serait pas même un corps. Il ne peut être rien, de même qu’un célibataire marié ne peut être rien. Pour tous deux, seuls restent le mensonge et l’illusion. Pour l’homme marié, le mensonge par lequel il fait croire à la femme courtisée qu’il est célibataire. Pour le cochon, la merveilleuse illusion du magicien qui nous fait croire qu’il fait voler les tables… et les cochons.

 

Ceci n’est apparemment qu’une histoire de cochon. Mais j’ai bien peur que notre cochon absolument incapable de voler soit pour nos philosophes une sorte d’Hermès messager annonciateur d’une révélation horrible : les lois physiques sont peut-être en dernière analyse des lois logiques. C’est d’ailleurs ce que suggère aussi le fait que de plus en plus elles se réduisent à des lois mathématiques. Alors s’écroulerait l’infini empilement des mondes possibles. Sans nos lois physiques, qui ne seraient que des applications logiques, pas de cochon, pas d’objet massif, pas d’objet, pas de monde. En fin de compte, sans leurs précieux ajustements, seulement le chaos.

 

 

 

 

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4 avril 2013 4 04 /04 /avril /2013 08:48

 

Si vous rencontrez un métaphysicien d’aujourd’hui, il risque fort d’essayer de vous convaincre que les objets, et donc le monde, sont vagues. Il se servira sans doute pour cela  de l’argument dit du « sorite ». Un « sorite » n’est rien d’autre un tas de sable. L’origine grecque du mot montre que ce genre d’argument sévit depuis très longtemps.

Le métaphysicien prétend qu’un tas de sable est vague parce qu’il est impossible de dire combien il faut de grains de sable pour faire un tas. Et ce n’est pas parce que nous ne savons pas où est la limite entre un tas de sable et ce qui n’est pas encore un tas de sable (ce qui ne serait qu’un vague épistémique). Ce serait parce qu’il n’y a pas de limite précise entre un tas de sable et ce qui n’est pas encore un tas de sable (vague ontologique, ou sémantique). De la même façon tous les objets du monde seraient vagues, pas seulement un nuage, mais aussi une table (comme pourrait le montrer un microscope très puissant).

 

Et bien, je ne suis pas d’accord. D’un point de vue de profane pas métaphysicien pour deux sous, je récuse l’argument du « sorite ». Il me suffit pour cela de faire un peu de sémantique sur le mot « tas » du langage courant. Ce mot me semble désigner au sens propre une masse de matière posée sur une surface. Cette matière n’étant ni liquide ni solide monobloc, mais amorphe (pâteuse, pulvérulente, granuleuse, morcelée, parcellaire), il en résulte une forme vaguement conique ou hémisphérique. Une telle forme, quoique peu définie, implique au minimum une base et un sommet. La « base du tas » est une surface, le « sommet du tas » un point  ou une surface plus petite (si elle était égale à la base, on n’aurait pas un tas, mais une pile, mieux rangée). Donc, pour constituer un tas de matière non monobloc, il faut et il suffit d’une base et d’un sommet plus petit superposé à la base.

 

Dès lors, il est évident que pour faire un tas constitué d’éléments plus ou moins sphériques (grains, billes, cailloux, ballons), il faut et il suffit de quatre éléments. Trois éléments sont nécessaires et suffisants pour constituer une base qui soit une surface minimum, triangulaire (deux éléments ne constitueraient qu’un segment). Un élément superposé à cette base suffit pour constituer un sommet. Avec quatre cailloux au minimum, ou avec quatre billes, je peux avoir un tas de cailloux, ou un tas de billes (comme le savent bien les écoliers), a fortiori avec cinq, six, etc. Il faudrait donc dire : « Ajouter un élément ne permet pas de faire un tas, sauf si c’est un quatrième élément».

 

On m’objectera peut-être qu’il n’est pas évident qu’on puisse avoir un tas de sable avec quatre grains de sable. Dans un premier temps, je répondrai d’une part que cela dépend de la grosseur des grains de sable, d’autre part qu’il suffit d’un microscope pour voir un tas de quatre grains de sable minuscules. Mais il est vrai que ce serait un  tas de grains de sable plutôt qu’un tas de sable (avec le mot sable au singulier, ce qui disqualifie jusqu’à la notion de grain). C’est pourquoi, dans un deuxième temps, je découvre grâce à cette objection un autre aspect de mon désaccord avec les métaphysiciens modernes.

 

Les métaphysiciens prétendent décrire la réalité ultime des choses. Leur ambition est une « ontologie ». Et ils s’étonnent de ne pouvoir y parvenir avec précision. Il n’y a pourtant rien d’étonnant à cela, car ils usent bien sûr des mots du langage courant pour désigner les choses, par exemple « tas de sable, nuage, table ». Or les mots du langage courant n’ont pas pour but de désigner la réalité ultime des choses. Ils désignent ce que nous percevons de la réalité des choses. Les objets qu’ils désignent existent donc par l'intermédiaire des sujets que nous sommes. Ces objets ne sont pas les choses réelles, ce sont des phénomènes.

 

Ainsi, l’expression « tas de sable » ne désigne pas un certain nombre de grains de sable, mais l’impression que fait sur un sujet observant une certaine quantité de sable disposée d’une certaine façon. Dès lors, son attribution à un « objet » ne dépend pas uniquement de la réalité de celui-ci, mais aussi de l’acuité visuelle du sujet observant, et même seulement de ce qu’il peut prendre en compte dans ce qu’il voit : peut-il distinguer dans l’objet non monobloc qu’il voit (en deçà de sa réalité profonde) une base et un sommet moins étendu ? Alors c’est un tas. Cette variabilité phénoménologique ne décèle en fait, selon moi, aucun flou ontologique, ni épistémique, ni sémantique.


Arthur est-il chauve ?

La statuette et le morceau d'argile: un point de vue de linguiste

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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 10:13

Dans son amusant petit livre Le puzzle philosophique (Ithaque 2010), Jiri Benovski consacre le premier chapitre aux « déboires d’un punk chauve ».

Il nous y raconte la triste histoire du punk Arthur qui se fit faire par sa coiffeuse une teinture rouge de ses cheveux. Mais la lotion employée par la coiffeuse fut destructrice et il se réveilla le lendemain complètement chauve : « Tous ses cheveux sont tombés dans la nuit » (p.31).

Il porte plainte, mais au tribunal la coiffeuse se révèle être une Dalila métaphysicienne qui prouve au juge par la logique qu’Arthur n’est pas chauve. L’argument repose sur deux prémisses :

1)   Avant d’aller chez la coiffeuse, Arthur n’était pas chauve.

2)   Ôter un cheveu à une personne chevelue ne la rend pas chauve.

Donc si la coiffeuse avait arraché tous les cheveux d’Arthur un à un, aucun de ces arrachages ne l’aurait rendu chauve. Au terme de l’opération, Arthur n’aurait certes eu aucun cheveu, mais n’aurait  toujours pas été chauve, en raison de la deuxième prémisse. Ce n’est donc pas parce qu’Arthur n’a plus de cheveux qu’il est chauve.

 

Cette logique-là a un relent de sophistique qui nous donne envie de la contester. Et Jiri Benovski a la bonté de nous encourager par deux fois à réfléchir nous-mêmes à la mésaventure d’Arthur pour lui trouver une solution. J’ose donc m’y aventurer, me faisant l’avocat d’Arthur.

 

D’abord, je trouve très léger le juge qui a accordé sans barguigner la seconde prémisse à la coiffeuse. Car s’il est vrai que chauve signifie « qui n’a plus de cheveux », le juge aurait dû apporter une restriction capitale : « Oter un cheveu ne rend pas chauve un chevelu, sauf si c’est son dernier cheveu ». Dès lors l’argument de cette Dalila d’un nouveau genre tombe. Arthur est bien chauve et peut obtenir réparation.

 

Je sais que selon le petit dictionnaire Larousse « chauve » signifie « qui n’a plus ou presque plus de cheveux ». On se contente en effet souvent d’un « presque plus de cheveux » pour qualifier quelqu’un de chauve. En ce cas, arracher le dernier cheveu d’un individu, c’est arracher un cheveu à quelqu’un qui est déjà chauve ! Et on ne sait plus quand la victime est devenue chauve. L’argument sert alors à étayer la thèse du vague, qu’il soit ontologique, épistémique, ou sémantique.

 

Mais je mets en doute la seconde définition du dictionnaire. Si un chauve peut n’avoir presque plus de cheveux, qu’est-ce qu’un presque chauve ? Quelqu’un qui n’a presque presque plus de cheveux ? Même mon correcteur grammatical s’insurge devant ce pléonasme. Et comment admettre qu’on puisse encore arracher des cheveux à un crâne chauve ?

 

Il faut donc préciser cette sémantique. Un crâne presque chauve, c’est un crâne qui n’est pas chauve (=sans cheveux) partout, il n’est que partiellement chauve. S’il est chauve (=sans cheveux) partout, il est complètement chauve. « Chauve » signifie toujours « sans cheveu ». Toute partie de la surface du crâne où il y a encore des cheveux n’est pas chauve. Au pire, elle est clairsemée. Et ce n’est que par figure métonymique qu’on peut dire chauve une personne dont seule la plus grande partie du crâne est effectivement chauve. De même, on peut être bronzé, même si tout le corps n’est pas bronzé. « Chauve » et « bronzé » qualifient d’abord des surfaces, avant d’être étendus à des individus.

 

Mais je devine que Dalila la coiffeuse va cesser de faire appel à sa logique absurde pour se défendre. Je devine qu’elle va cette fois faire venir un scientifique avec un microscope pour montrer qu’Arthur, malgré le désastre, a encore sur le crâne de tout petits bouts de cheveux, invisibles à l’œil nu. Donc, si chauve signifie « zéro cheveu », Arthur n’est pas chauve. Dalila triomphe.

 

Les scientifiques cherchent la réalité au-delà des apparences : Le soleil ne tourne pas autour de la terre, c’est la terre qui tourne autour de son axe. Et pourtant le soleil continue à « se lever « et à « se coucher » sous nos yeux. Notre langage courant n’obéit pas à la science. Ce qu’il décrit, ce sont les apparences. Selon le microscope du scientifique, les seules surfaces réellement chauves seraient par exemple une boule de billard, ou le toit d’une voiture. Mais on ne peut traiter ces objets de chauves sans figure de style, sans métaphore humoristique. Une surface chauve est une surface où normalement il y a des poils ou des cheveux, et où ils manquent pour une cause quelconque (âge, accident, maladie). Mais le plus souvent, il y a des restes invisibles.

 

Cependant, je ne puis accepter le triomphe de la coiffeuse, cette Dalila malhonnête qui n’assume pas ses responsabilités. Arthur a toute ma sympathie et je suis d’accord avec lui quand il proteste : « Moi, je me moque de ces bouts de cheveux invisibles qui me restent. Ce qui compte pour moi, c’est que j’ai perdu ce qui faisait ma fierté, ma flamboyante chevelure. De quoi ai-je l’air maintenant aux yeux de mes amis punks ? »

 

Il me semble qu’ici, sans l’aide ni de la logique ni de la science, mais en punk bien né, Arthur fait un grand pas philosophique. Nouveau Samson, il finit par faire tomber les colonnes philistines de la métaphysique. Il nous apprend en effet qu’on est chauve quand on n’a pas de cheveux visibles, ou même mieux : dignes de considération. Ce n’est pas une réalité que décrit un mot du langage courant comme « chauve », c’est un aspect, un phénomène. Qu’importent le nombre et la longueur réels des cheveux. Ce qui compte, c’est l’impression faite aux observateurs, impression souvent subjective, donc variable. Mais elle n’est pas vague pour autant. Arthur est d’autant plus chauve que ses amis sont punks.

 

Monsieur le juge, vous-même voyez bien qu’Arthur est chauve et la coiffeuse reconnaît qu’il ne l’était pas avant son intervention, que sa lotion est cause de son état actuel. Vous n’avez pas besoin d’autre preuve que vos yeux pour condamner cette Dalila à une forte réparation.

 

Un tas de sable

La statuette et le morceau d'argile: un point de vue de linguiste

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9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 16:24

Un enfant dans les bois

 Loin déjà des lisières

Un enfant solitaire

Tant d’épines le barrent

Les fourrés sont épais

Et dense la futaie

Tout est sombre alentour…

 

Entre deux troncs du jour

Il s’y faufile et passe

Un enfant dans les bois

Se bat contre des ronces

Avance avance encore

Trouve de hautes herbes

Un rideau de roseaux…

 

Doucement il écarte.

 

Profusion de lumières

Terrain vague au soleil

Une vaste clairière

Au milieu une mare

Dans la mare un héron

Parmi des nénuphars

Un héron solitaire…

 

Un immense héron

Pointant le ciel du bec

Un héron dans les bois

Haut par dessus les arbres

Il attend l’occasion

De prendre son envol

Attends attends attends…

 

L ‘oiseau s’est envolé

Un héron loin des bois

L’enfant seul est resté 

Au fond de la clairière

Un enfant dans les bois

Va-t-en va-t-en va-t-en

Un enfant solitaire

 

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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 10:10

 

On peut bien souhaiter la bonne année

Cela n’a jamais fait de mal à personne

Mais nous n’en serons pas plus délivrés.

 

Le présent est glissant l’avenir incertain

Le passé seul ne craint rien.

 

L'unique "bonne nouvelle"

Qui nous vient forcément

De l’étrange univers temps

De nos astrophysiciens

C’est que le passé n’a pas disparu

Quoiqu’il arrive il existe

N'en déplaise à Augustin.

 

Mais ce qui serait une très bonne nouvelle

Serait qu’il soit lui « délivré du mal »

C’est bien le seul espoir qui ne soit pas chimère.

 

 

 

 

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